Poetique de l’espacechez Herve Bazin et Jean Rouaud

Maints critiques ont prophétisé la mort du roman en tant que genre littéraire, en basant le plus souvent leurs allégations sur la grande diversité des sous-genres romanesques, diversité qui peut être regardée comme source d’un émiettement, d’un affaiblissement. Pourtant, la force du genre romanesque réside justement dans ce qui semble l’affaiblir de sorte que de nos jours son nom soit légion. Nature protéique par excellence, le roman envahit le monde des lettres non seulement du point de vue économique – il est vendu en milliers et milliers d’exemplaires chaque seconde – mais aussi du point de vue artistique. Son esthétique devient de plus en plus audacieuse; il part à la conquête d’autres formules de création, propres à d’autres genres, il se les approprie nonchalamment et enfante des métis qui, paradoxalement, conquièrent le public.