Que ce soit comme une forme d’exorcisme, que ce soit à cause de la distance qui leur permet de mieux l’analyser, que ce soit par amour ou par aversion, Vintilă Horia, Petru Dumitriu et Paul Goma ont fait de leur pays natal le sujet principal de leurs œuvres. Et ils l’imposent plus ou moins insidieusement au lecteur étranger : en faisant appel aux cadres d’action roumains (toponymes, patronymes), aux éléments de cuisine ou aux traditions, aux roumanicismes qui servent à marquer la différence et la spécificité ou l’altérité.
L’exil a été pour nos auteurs un déchirement continu, une rupture ressentie quotidiennement sous toutes ses formes, qui s’est glissée entre les lignes, intensifiant la lancinante douleur de l’absence d’un véritable chez soi dans le pays d’adoption. D’ailleurs, comment auraient-ils pu en trouver un, alors que le chez soi est resté à Barasca pour Vintilă Horia, à Baziaş pour Petru Dumitriu, respectivement à Mana, qu’il considère comme le centre de la terre, pour Paul Goma ?
Autrement dit, pour tous les trois, au début, au-delà et en deçà de tout il y a toujours la Roumanie. Tel Janus bifrons, l’exilé de la mythologie romaine, le double visage du pays, l’un embrassant le présent et l’autre le passé, sous-tend désespérément la trame profonde de leur écriture. (Renata Georgescu)
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