Rêveuse de calibre, transcriptrice et théoricienne du « rêve lyrique ou halluciné », une catégorie originale, appartenant à la sphère nocturne, Marguerite Yourcenar n’en est pas moins écrivain du rêve. Dans la préface de son recueil de transcriptions oniriques intitulé Les Songes et les Sorts, elle s’insère à l’histoire littéraire du rêve, dressée par elle-même, qui remonte à Homère. Ses écrits des années ’30, notamment Les Songes et les Sorts, assignent au rêve un rôle multiple, perpétué dans les époques ultérieures de création, tant dans l’oeuvre de fiction que dans l’oeuvre à caractère autobiographique : simple thème littéraire, comme l’amour, la mort ou la maladie, outil d’investigation discrète de l’intériorité, à côté du mythe et de la légende, référence esthétique hautement valorisée, en concurrence avec l’analogie artistique ou géographique, type particulier d’écriture, dont les marques rappellent le poème en prose (la substance visuelle, la rupture, l’inachèvement, les digressions théoriques ; les envols lyriques) ou le récit d’aventures (la densité événementielle, le dynamisme, l’atmosphère fabuleuse ou terrifiante).
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